Françoise Langlois
Il faisait chaud. Un mégot jeté avec désinvolture avait mis le feu à quelques brindilles. Le vent aidant, 700 hectares de forêt s’embrasaient. C’était l’été dernier.
La fumée et son odeur donnent le signal…
La vitesse du feu sidère… Le corps se tend, prêt à s’enfuir. La bataille a commencé, le ciel occupé, les passages incessants des avions,
des camions, les particules grises recouvrent tout. Les oiseaux se sont tus, les hirondelles ont fui. Impuissante, fascinée, et mon corps douloureux à chaque arbre qui s’enflamme.
Premiers pas dans la forêt… béante et noire, envahie de silence.
Doucement s’approcher du désastre, toucher les cendres… les odeurs âcres imprègnent les vêtements, s’immiscent, s’installent dans les narines. Le regard ne rencontre que noirceurs.
Dix jours plus tard, les premières pousses vertes, inimaginable ! Ma curiosité pour ce nouvel espace a éloigné le sentiment de désolation. Les statuaires de bois brûlé et les caillasses blanchies par le feu sont devenues familières, amicales.
Elles, je les ai remarquées plus tard. Tellement modestes, à demi enterrées au pied des arbres, rondes comme des friandises, blanchies par la calcination.
Par milliers, des coquilles vides…
Les escargots ont-ils une âme ?